Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/31

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douce et charmante, venue entre les feuilles et les eaux, et qui tremble, au seuil des grottes après qu’on a longtemps senti vous envelopper leurs ténèbres.

Les bruits de la maison arrivaient vaguement… je renaissais lentement à la vie. Je me lavais avec de l’eau tiède et j’allais plein d’ennui vers la plaine, jusqu’au banc du jardin où j’attendais venir le soir sans rien taire. Pour parler, pour écouter, pour écrire, j’étais perpétuellement fatigué. Je lisais :

« …… Il voit devant lui
Les routes désertes.
Les oiseaux de la mer qui se baignent,
Étendant leurs ailes……

il faut que j’habite ici……
…… On me contraint à demeurer
Sous les feuillages de la forêt ;
Sous le chêne, dans cette caverne souterraine :
Froide est cette maison de terre ;
J’en suis tout lassé.