Page:Gide - Philoctète, 1899.djvu/84

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II

Si Narcisse se retournait, il verrait, je pense, quelque verte berge, le ciel peut-être, l’Arbre, la Fleur – quelque chose de stable enfin, et qui dure, mais dont le reflet tombant sur l’eau se brise et que la fugacité des flots diversifie.

Quand donc cette eau cessera-t-elle sa fuite ? et résignée enfin, stagnant miroir, dira-t-elle en la pureté pareille de l’image, – pareille enfin, jusqu’à se confondre avec elles – les lignes de ces formes fatales, – jusqu’à les devenir, enfin.

Quand donc le temps, cessant sa fuite, laissera-t-il que cet écoulement se repose ? Formes, formes divines et pérennelles ! qui n’attendez que le repos pour reparaître, oh ! quand, dans quelle nuit, dans quel silence, vous recristalliserez-vous ?