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II

DANS QUEL SENS FAUT-IL ENTENDRE LA PRODUCTIVITÉ DES CAPITAUX ?


Le rôle que joue le capital dans la production donne lieu à de fâcheuses confusions.

On s’imagine que tout capital donne un revenu de la même façon qu’un arbre donne des fruits ou qu’une poule donne des œufs on voit dans le revenu un produit formé exclusivement par le capital et sorti de lui. Et en effet quand on fait figurer te capital parmi les facteurs de la production, au même titre que la terre ou le travail, il est naturel d’en conclure qu’il doit produire des fruits.

Et ce qui contribue à propager cette idée fausse c’est que la plupart des capitaux nous apparaissent sous la forme de titres de rente, d’actions ou d’obligations, desquels, suivant la formule consacrée, on détache des coupons, qui représentent le revenu. Pendant six mois ou trois mois ou un an, suivant la nature du titre, le coupon grossit ; le jour de l’échéance arrivé, il est mûr on peut le détacher, et en effet on le sépare d’un coup de ciseau.

Bien plus de même que quand le fruit ou le grain est cueilli, on peut le semer de nouveau et faire pousser une nouvelle plante qui donnera de nouveaux fruits, ou de même que lorsque l’œuf est pondu, on peut le mettre à couver et faire éclore un poussin qui donnera de nouveaux œufs, — de même en plaçant ce coupon, on peut créer un nouveau capital qui donnera de nouveaux coupons d’intérêt, et il semble de la sorte que le capital croisse et se multiplie suivant les mêmes lois que celles qui président à la multiplication des espèces végétales ou animales. Mais la loi de l’intérêt composé, car c’est ainsi qu’on l’appelle, est bien autrement merveilleuse que la multiplication des harengs ou des champignons. Car