claves à Rome étaient désignés juridiquement par le terme familia. La villa du riche propriétaire Romain avec son armée d’esclaves faisant tous les métiers, la seigneurie du baron du Moyen âge avec ses serfs, appartiennent à cette même période économique ;
2° Industrie corporative[1]. Celle-ci apparaît au Moyen âge et est caractérisée par un fait très important, la séparation des métiers. Le travailleur, du moins dans les villes, est autonome il produit en général avec des matières premières et des outils qui lui appartiennent ; il est devenu ce qu’on appelle un artisan. Toutefois, il ne travaille encore d’ordinaire que sur commande, ou du moins il ne produit que pour le petit marché de la ville où il habite et qu’il se réserve avec un soin jaloux. Il est associé, par une sorte d’association d’aide et de défense mutuelle, avec les ouvriers du même métier que le sien et forme avec eux ces corporations, qui ont joué un rôle si important dans l’histoire économique et même politique du Moyen âge ;
3° Manufacture à domicile (qu’il faut se garder de confondre avec l’industrie de famille)[2]. Les ouvriers des corporations perdent peu à peu leur indépendance au lieu de
- ↑ Entre les deux premières phases, l’école demande, en particulier MM. Schmoller et Bücher, en ont introduit une autre (qui porte alors dans leur classification le no 2), et qu’ils appellent celle du travail loué, celle où l’ouvrier qui n’était encore qu’à demi indépendant, allait travailler avec les matériaux que lui fournissait le client, et souvent dans la maison du client comme il arrive encore quelquefois aujourd’hui pour les petits artisans ambulants dans les campagnes qui réparent les paniers, les chaudrons, etc.
Bien que ce régime paraisse avoir subsisté plusieurs siècles en Allemagne avant l’établissement du régime corporatif, et qu’il soit fort intéressant en tant que forme de transition, il ne nous semble pas avoir jamais été assez prédominant pour constituer une phase spéciale, et la classification de Le Play nous paraît préférable. - ↑ Le Play, qui a le premier signalé l’importance de cette forme industrielle, l’a baptisée du nom de fabrique collective. Ce nom ne nous paraît pas heureux, car il suggère précisément l’idée contraire à celle qu’il veut exprimer, celle du groupement des ouvriers dans un même local. Ce qui au contraire caractérise cette phase industrielle, c’est un nombre plus ou moins considérable d’ouvriers travaillant pour un même patron, mais chacun chez soi. Il nous semble que l’expression de « manufacture à domicile » l’exprime plus clairement.