Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/175

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produire directement pour le compte de leurs clients ou du public, ils produisent désormais pour le compte d’un gros marchand. Ils travaillent chez eux et conservent quelquefois (pas toujours) la propriété de leurs outils et de la matière première, mais en tous cas la propriété du produit manufacturé ne leur appartient plus. C’est le marchand qui se charge de la vente. Et comment cet intermédiaire s’est-il glissé entre eux et le public ? Parce que le petit marché urbain a été détruit et remplacé par le marché national et que les ouvriers des corporations étaient trop pauvres et trop faibles et produisaient trop chèrement pour commander ce grand marché ;

Manufacture agglomérée ou fabrique. L’intermédiaire, l’entrepreneur, réunit ses travailleurs dispersés dans un même local. Il y trouve divers avantages, notamment celui de pouvoir établir une division du travail savante qui multiplie la puissance productive tout en abaissant les frais de production (Voy. ci-après, De la division du travail). Dès lors, l’ouvrier ne possède plus la matière première, ni les instruments, il ne travaille plus chez lui, il est devenu le salarié et l’intermédiaire qui possède tout cela est devenu le patron. Mais la puissance productive a pris déjà un grand essor. C’est vers de XVIe siècle que cette transformation commence à s’accomplir. Ce n’est pas sans lutte que l’organisation plus perfectionnée de l’industrie manufacturière a éliminé l’industrie corporative et a pu conquérir le marché qui lui était fermé par les règlements des corporations. En France, il n’a fallu rien moins que l’intervention de l’État qui a créé — sous Sully et sous Colbert notamment — des manufactures avec privilèges spéciaux, dont quelques-unes mêmes (les tapis des Gobelins, etc.) sont restées encore aujourd’hui manufactures d’État. En Angleterre, l’exportation pour l’étranger et les colonies a suffi pour permettre aux manufactures nouvelles de briser les cadres de l’organisation corporative ;

5° Industrie mécanique ou usine[1]. C’est elle qui caractérise

  1. Le véritable nom, comme le propose M. Vandervelde, devrait être La machinofacture.