Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/178

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son usine et préfère encore faire travailler à perte pour ne pas laisser oisif son énorme capital, tandis que le patron qui fait travailler à domicile n’a pas ce souci.


Chacun des stades de production est caractérisé par un progrès spécial au point de vue de l’organisation du travail.

L’industrie de famille, dans le sens large que nous avons donné à ce mot, met en lumière la vertu de l’association au point de vue économique.

L’industrie corporative conserve et intensifie ce premier progrès, puisqu’elle remplace l’association naturelle (famille naturelle) ou coercitive (esclavage et servage) par une association plus libre, quoique encore obligatoire (la corporation). Mais elle y ajoute un progrès nouveau et très important, la division du travail sous la forme de séparation des métiers.

L’industrie manufacturière, d’abord à domicile, puis dans le même atelier, pousse au maximum la division du travail, mais elle aussi est caractérisée par un progrès nouveau qui en est la cause finale, l’échange. C’est en effet l’ouverture de nouveaux marchés et de nouveaux moyens de transport qui a déterminé l’avènement de cette forme de production.

L’industrie mécanique à son tour pousse au maximum l’échange, puisqu’elle vit du marché international et va chercher ses débouchés aux extrémités du monde, mais l’échange ordinaire ne lui suffit plus : il lui faut, pour se développer, un mode plus hardi qui comme la vapeur supprime l’espace et le temps, c’est le crédit.

Ce sont là les quatre modes de production sociale jusqu’à présent on n’en a pas découvert d’autres ― qui formeront la division naturelle de ce livre.

Il y a d’ailleurs entr’eux un lien évolutif. La division du travail, comme nous le verrons, n’est qu’une forme plus complexe de l’association. L’échange à son tour ne peut se concevoir sans la division du travail. Et enfin le crédit n’est qu’une sorte d’échange, à terme au lieu d’être au comptant.