soit à raison de leur étendue, soit à raison de leur durée, dépassent de beaucoup les limites des forces et de la vie des individus.
De plus, même pour les entreprises qui ne dépasseraient pas la sphère des capacités individuelles, l’entreprise collective présente encore une supériorité marquée. En groupant tous les facteurs de la production, main-d’œuvre, capitaux, agents naturels, emplacement, elle réussit à les économiser, c’est-à-dire elle arrive à produire la même quantité de richesses avec moins de frais, ou, ce qui revient au même, à en produire davantage avec les mêmes frais.
1° Économie de travail d’abord.
Ce premier avantage tient surtout à la possibilité d’établir une division du travail plus perfectionnée, comme nous le verrons bientôt. Mais il résulte déjà du simple fait du groupement des travailleurs. Dans la production morcelée, il y a beaucoup de temps perdu. Les heures pour chaque travailleur restent souvent inoccupées. Voici 100 maisons de commerce qui entretiennent chacune 10 employés. Réunissez-les en une seule : il ne sera pas nécessaire évidemment, pour faire un chiffre d’affaires égal à celui de ces cent maisons séparées, de conserver tous leurs employés. Point n’est besoin de 100 caissiers ou de 100 teneurs de livres. Chaque employé pouvant travailler désormais d’une façon continue, pourra faire deux ou trois fois plus de travail et par conséquent remplacer à lui seul deux ou trois travailleurs.
2° Économie d’emplacement.
Pour avoir cent fois plus de place dans un magasin ou dans une usine, il n’est pas nécessaire d’occuper une superficie centuple, ni d’employer cent fois plus de matériaux pour construire le local. Le calcul le plus simple démontre que lorsque les volumes de deux cubes sont entre eux comme 1 est à 1000, leurs surfaces sont entre elles comme 1 est à 600. Or ce sont les surfaces seules qui coûtent. — D’ailleurs, à défaut de calcul mathématique, l’expérience apprend à chacun que le coût d’une construction ou le prix du loyer ne grandit pas proportionnellement à la place occupée. Le moindre magasin à Paris faisant pour 500 fr. d’affaires par jour paiera 8 ou