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jours. L’ouvrier qui se consacrerait a l’une quelconque de ces spécialités resterait donc oisif onze mois de l’année sur douze. Mais il est impossible, ou du moins il serait désirable, d’arriver à la division du travail sous une autre forme, celle dans laquelle chaque homme ou chaque groupe d’hommes se consacrerait à la culture d’une plante déterminée. Et il est très probable qu’au fur et à mesure que la culture deviendra plus intensive et se rapprochera de l’horticulture, c’est précisément ce qui se produira[1].


III

LES AVANTAGES ET LES INCONVÉNIENTS DE LA DIVISION DU TRAVAIL.

La division du travail accroît la puissance productive du travail dans des proportions qui dépassent ce qu’en pourrait imaginer. En voici les raisons :

1° Le travail le plus compliqué, ainsi que nous l’avons expliqué, se trouve décomposé en une série de mouvements très simples, presque mécaniques et, par conséquent, d’une exécution très aisée, ce qui facilite singulièrement la production.

On peut même arriver par là à des mouvements si simples que l’on s’aperçoit que l’intervention de l’homme n’est plus nécessaire pour les exécuter et qu’une machine suffit. Et c’est, en effet, par ce procédé d’analyse que l’on est arrivé à faire exécuter mécaniquement les travaux qui semblaient les plus compliqués à première vue[2].

  1. C’est ainsi que Fourier comprenait la division du travail dans l’Association agricole, et il la poussait à l’extrême, organisant autant de groupes de travailleurs que d’espèces (choutistes, ravistes, poiristes, cerisistes, etc.) et même autant de sous-groupes qu’il pouvait exister de variétés dans la même espèce.
  2. L’invention des principales machines (à tisser, à filer, etc.) coïncide précisément avec l’apogée de la division du travail dans les manufactures.