Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/223

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qui vont en caravanes dans l’Afrique centrale doivent être de 400 % au moins pour être rémunérateurs.

2o Aussi, partout où le commerce prend un certain développement, le marchand ambulant ne tarde pas à faire place au marchand sédentaire, au boutiquier[1]. Avant, c’était le marchand qui allait chercher le client désormais, c’est le client qui ira chercher le marchand. Seulement il faut alors que le marchand attire l’attention du passant soit par des enseignes parlantes dont nous retrouvons le souvenir dans le plat à barbe qui se balance à la porte des coiffeurs, dans la pipe de bois qui se dresse sur celle des marchands de tabacs, ou dans le chapeau de tôle qui décore celle des chapeliers ; — soit par l’étalage des marchandises elles-mêmes dans des devantures resplendissantes ; — ou même qu’il cherche à attirer le client de loin, — soit par des annonces, prospectus, catalogues, soit par des commis-voyageurs ou, comme on dit plus élégamment aujourd’hui, par des « représentants de commerce », qui diffèrent des marchands voyageurs d’autrefois en ce qu’ils emportent avec eux non des marchandises, mais de simples échantillons.

Les avantages que la société retire de l’existence des commerçants sont les suivants :

1o Ils servent d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur, en épargnant à chacun d’eux le temps qu’il lui faudrait perdre à rechercher l’autre ;

2o Ils prennent les marchandises en gros chez le producteur, et, en les débitant au détail, ils épargnent par là les embarras qui résulteraient nécessairement de l’absence de coïncidence entre la quantité offerte par le producteur et la quantité réclamée par le consommateur ;

3o Ils gardent la marchandise en magasin et suppriment par là les difficultés qui résulteraient de l’absence d’une autre coïncidence, à savoir le moment où le producteur veut se défaire de son produit et celui où le consommateur est disposé à l’acquérir.

  1. Mais on constate, au début, une lutte entre le marchand voyageur et le marchand devenu sédentaire. — Voy. la note de la p. 209.