Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/236

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naire par à-coups, par poussées intermittentes et localisées que l’accroissement de la production se manifeste. Voilà pourquoi il engendre ces ruptures d’équilibre dans l’échange, ces crises que nous avons analysées, et voilà pourquoi aussi les producteurs cherchent aujourd’hui à réglementer la production par des ententes commerciales (Cartels, Trusts, Pools, Corners) qui sont un des phénomènes les plus intéressants de notre époque[1]. Quelquefois, il est vrai, ces syndicats visent simplement à raréfier une marchandise sur le marché pour en élever subitement le prix. Ce sont alors des sociétés de spéculation qui ressemblent fort à ce qu’on flétrissait autrefois du nom « d’accapareurs ». Mais en général les membres adhérents à ces sociétés prennent simplement l’engagement de ne pas produire au delà d’une limite déterminée — et dans ces conditions, leur action peut être bienfaisante.



  1. Sur les diverses formes que peuvent revêtir ces ententes, voy. le livre de M. Brouilbet, Les ententes commerciales, et dans la Revue d’Économie politique (1894, p. 829), un article de M. Menzel sur les Cartels. Les plus célèbres de ces Trusts ont pris naissance aux États-Unis (notamment celui des pétroles Standard Oil Trust, qui a été créé en 1882) et le législateur a dû intervenir pour les prohiber, mais ces prohibitions sont restées vaines, la loi pouvant toujours être tournée par certaines formes d’association.