Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand mouvement d’affaires. Elles ont un cours coté, comme toute autre marchandise, qui est justement ce qu’on appelle le cours du change. Or, ces créances sur l’étranger sont toujours payables en or ou en argent, le plus souvent en or, puisque c’est la monnaie internationale. Si donc la France était au régime du papier-monnaie et que ce papier fut déprécié, on verrait aussitôt les créances sur l’étranger, sur Londres par exemple, hausser de prix comme l’or lui-même, puisqu’en effet elles valent de l’or — et quand la pièce d’or ferait prime de 2 % et se vendrait 20 fr. 40, la lettre de change de 25 francs sur Londres ferait une prime égale et se vendrait 25 fr. 50 (Voy. ci-après Du change).

3° Le troisième, c’est la fuite de la monnaie métallique. Si faible que soit la dépréciation de la monnaie de papier, si cette dépréciation n’est pas immédiatement conjurée par le retrait du papier en excès et si on la laisse se prolonger et s’aggraver on verra bientôt disparaître toute la monnaie métallique. Ce phénomène est tout à fait caractéristique il se manifeste dans tous les pays où l’on a abusé du régime du papier-monnaie, en Russie, dans toute l’Amérique du Sud (pays de mines d’or ou d’argent cependant !) Nous l’avons expliqué en détail à propos de la loi de Gresham : nous n’y revenons pas (Voy. p. 239).

4° Le quatrième, c’est la hausse des prix. Il n’apparaît que plus tard et indique que le mal est déjà grave et que la limite permise a été de beaucoup dépassée. Aussi longtemps, en effet, que la dépréciation du papier-monnaie est faible, par exemple de 2 ou 3 %, les prix ne s’en ressentent guère (excepté le prix des lingots d’or ou d’argent). Le marchand en détail ou même en gros ne majorera pas le prix de ses marchandises d’une si petite différence, et le ferait-il que le public ne s’en inquiéterait pas. Mais du jour où la dépréciation de la monnaie de papier atteint 10, 12 ou 15 %, alors tous les marchands et producteurs haussent leurs prix proportionnellement[1]. Le mal qui jusqu’alors était pour ainsi dire à l’état

  1. Les commerçants et les producteurs ne sont pas fâchés de cette