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IV

COMMENT ON RÉUSSIT À SUPPRIMER MÊME LA MONNAIE DE PAPIER.

Si la monnaie de papier a l’avantage d’économiser la monnaie métallique, ce n’est, comme on peut le voir, qu’au prix de graves inconvénients et même de grands dangers. Si donc on pouvait trouver quelque moyen d’économiser la monnaie métallique sans recourir à ce dangereux expédient, ce serait, certes, un grand bienfait.

Or, ce moyen existe : il est à la fois beaucoup plus radical et beaucoup plus inoffensif. Il consiste non point à remplacer un instrument des échanges coûteux par un autre qui ne coûte rien, mais simplement à supprimer tout instrument d’échange.

Voici comment il faut comprendre ce mécanisme :

En premier lieu, on remplace la vente au comptant, c’est-à-dire l’échange de marchandises contre du numéraire, par la vente à terme, c’est-à-dire par l’échange d’une marchandise contre une créance. La vente à terme en effet n’est pas autre chose que cela : je vous livre ma marchandise et je reçois en échange une promesse de payer représentée par un billet ou une lettre de change[1].

En second lieu, une fois ces créances créées, on s’occupe de les éteindre par quelque mode autre que le paiement proprement dit en espèces métalliques. Or, la science du droit nous enseigne divers procédés pour atteindre ce but, par exemple la compensation, en vertu de laquelle deux créances s’éteignent lorsque deux personnes se trouvent réciproquement créancières et débitrices l’une de l’autre, ou la confu-

  1. Pour l’intelligence de ce chapitre, il est utile de se reporter au chapitre ci-dessous Du crédit.