Aller au contenu

Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La question du libre-échange et de la protection.


I

HISTORIQUE DU PROTECTIONNISME.


Le commerce international, durant l’antiquité et le moyen-âge, n’avait pas le caractère général qu’il a revêtu de nos jours. Il était aux mains de quelques petits peuples qui, à raison de leur situation maritime — Tyr et Carthage dans l’antiquité, les républiques d’Italie ou les villes de la Hanse au moyen-âge, la Hollande au commencement de l’histoire moderne — avaient pris le monopole du commerce et des transports. Les autres peuples jouaient un rôle purement passif. Ils accueillaient les commerçants étrangers comme les peuplades nègres de l’Afrique reçoivent aujourd’hui les marchands musulmans ou européens avec une certaine bienveillance, puisqu’ils se procuraient par la des marchandises qu’ils n’auraient pu produire eux-mêmes ils cherchaient même à les attirer, ils leur concédaient au besoin des privilèges. Toutefois ils leur faisaient payer, en échange de la protection qu’ils leur accordaient, certains droits qui étaient comme une sorte de participation sur leurs bénéfices : ainsi font les petits rois africains sur les caravanes qui traversent leurs territoires. Les droits de douane, si on peut leur donner déjà ce nom, n’avaient donc au début qu’un caractère fiscal et nullement protecteur. Qu’auraient-ils protégé en effet[1]?

Quand les grands États modernes commencèrent à se cons-

  1. Quand Louis XI, fort en avant des idées de son temps, voulut, en 1482, organiser un système protectionniste et écarter les marchands étrangers, il se heurta à l’opposition des députés marchands de toutes les villes de France convoqués à Tours qui voulaient attirer « toutes nations estranges » Voy. dans la Revue des questions historiques, juillet 1895, un article de M. de la Roncière.