industries étrangères et même de lutter victorieusement contre ces industries étrangères sur leur propre terrain. Tel est le problème que le protectionnisme se pose depuis quelques siècles, et dont il poursuit la solution par toute une tactique très compliquée.
Voici le résumé de son argumentation qui peut se ramener à quatre chefs principaux :
1° Si le commerce international a pris de nos jours le caractère d’une lutte pour la vie, il doit produire les fâcheux effets qui sont inhérents à la concurrence même entre individus, à savoir l’écrasement des faibles. Ainsi les États-Unis, à raison de l’étendue de leurs exploitations agricoles, de la fertilité de certaines régions qui les dispense des engrais, du bas prix des terres, de la modicité des impôts, peuvent produire le blé dans des conditions beaucoup plus économiques que dans nos contrées d’Europe. Alors si l’importation du blé américain ne permet plus aux cultivateurs français de produire du blé que feront-ils ? Qu’ils fassent du vin, dira-t-on ! Mais l’Espagne et l’Italie, à raison de leur climat, peuvent produire des vins beaucoup plus alcooliques que les nôtres et, grâce au bas prix de leur main-d’œuvre, bien meilleur marché. Et même infériorité pour la soie vis-à-vis de la Chine, pour la laine vis-à-vis de l’Australie, pour la viande vis-à-vis de la République Argentine… Alors quoi ? Faudra-t-il donc que nos cultivateurs, qui représentent la moitié de la population française, abandonnent la terre pour refluer dans les villes ? En ce cas, quels dangers pour le pays n’entraînera pas un semblable déplacement, non seulement au point de vue économique, mais au point de vue de la santé publique, de la moralité, de la stabilité politique, de notre force militaire, de l’avenir du pays ! — Et qui nous assure que ces populations chassées des campagnes trouveront dans les villes un travail plus rémunérateur ? N’est-il pas possible d’ailleurs que l’industrie manufacturière succombe à son tour sous l’importation étrangère ? Si un pays a le malheur de se trouver inférieur à certains pays étrangers dans toutes les branches de la production, il sera successivement délogé de toutes ses