Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VII

LE CRÉDIT


I

COMMENT LE CRÉDIT N’EST QU UNE EXTENSION DE L’ÉCHANGE.


Le crédit est un élargissement de l’échange — comme l’échange lui-même était un élargissement de la division du travail. On peut le définir l’échange d’une richesse présente contre une richesse future.

Par exemple je vous vends de la laine. Mais vous n’avez pas de quoi me payer, c’est-à-dire pas de richesse présente à me donner en échange de celle que je vous livre. Qu’à cela ne tienne ! Vous me donnerez en échange la richesse future que vous vous proposez de créer avec cette laine, c’est-à-dire une valeur équivalente prise sur la valeur de ce drap quand il sera fait.

Ici le fait de l’échange apparaît à l’œil nu : c’est une vente ; la seule différence avec la vente ordinaire, c’est qu’elle est faite à terme au lieu d’être faite au comptant. Mais cette différence, qui paraît de peu d’importance, a des conséquences énormes. Ce n’est pas peu de chose que de faire rentrer l’avenir dans le domaine des contrats !

Voici d’ailleurs une autre forme où le fait de l’échange est moins facile à voir quoique virtuellement existant. Au lieu de vous vendre la laine, je vous la prête, c’est-à-dire que vous me la rendrez quand vous vous en serez servi pour fabriquer votre drap. Bien entendu vous ne me rendrez pas la laine elle-même puisqu’elle aura servi à fabriquer le drap, mais une valeur