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§ 2. Arbitrage et conciliation.

De même que les conflits politiques, qui ont d’abord provoqué des guerres incessantes, tendent aujourd’hui à être résolus, au moins en partie, par l’arbitrage, de même dans les conflits entre le capital et le travail, à la solution brutale par la grève, c’est-à-dire au droit du plus fort, on tend à substituer l’entente amiable.

La forme la plus caractéristique est l’arbitrage. Mais l’arbitrage, pour donner de bons résultats, suppose au préalable de fortes organisations ouvrières assez éclairées et surtout assez disciplinées pour accepter les décisions de l’arbitre alors même qu’elles leur sont contraires. Il y a peu de pays où elles en soient arrivées là. cependant dans certaines grandes industries de l’Angleterre des Conseils d’arbitrage et de conciliation, élus par les patrons et les ouvriers, fonctionnent avec succès[1].

Les Conseils d’usine ou Conseils ouvriers, usités surtout en Allemagne et en Autriche, sont des conseils organisés dans certaines usines pour recevoir les plaintes des ouvriers, discuter les règlements d’atelier et participer au gouvernement intérieur de l’usine, sans que leurs décisions cependant puissent lier le patron. Un projet de loi en Autriche tend à rendre l’institution de ces comités obligatoire et à en faire la base d’une organisation arbitrale[2].

Il serait très désirable en effet que l’arbitrage fût constitué dans l’industrie à l’état d’institution légale. Il ne faut pas en conclure que le recours à l’arbitrage doit être rendu obligatoire et les décisions de l’arbitre recevoir une sanction pé-

  1. Voy. dans la Revue d’Économie Politique de 1890 (pp. 461, 553), les articles de M. Lotz sur ce sujet.
    Il va sans dire que les conseils de conciliation ont pour rôle de prévenir les grèves avant qu’elles n’éclatent ; ceux d’arbitrage, de les apaiser une fois qu’elles ont éclaté.
  2. Voy. dans la Revue d’Economie Politique, 1891, l’article de M. Schwiedland sur l’Organisation de la Grande Industrie en Autriche.