VI
LA DIVISION DE LA PROPRIÉTÉ.
L’évolution déjà signalée, qui tend à assimiler de plus en plus la propriété foncière à celle des capitaux ou des marchandises (Voy. p. 523), atténue tout naturellement dans une grande mesure les abus de la propriété foncière individuelle :
d’une part, en facilitant la division de la terre, elle l’éparpille sur un grand nombre de têtes et alors que reste t-il d’un monopole quand des milliers d’hommes, la majorité même des citoyens, comme en France, y ont accès à volonté ?
d’autre part, en facilitant la mobilisation de la terre, c’est-à-dire son transfert rapide et fréquent d’une tête sur l’autre, elle enlève à la plus-value de la terre le caractère d’un privilège perpétuel et grandissant. En effet cette hausse étant toujours très lente et même intermittente, ne peut produire que des effets insensibles pendant la courte période de temps où la propriété reste sur la tête du même titulaire, et d’ailleurs elle est escomptée au fur et à mesure dans chaque achat.
Les causes qui tendent à ce double résultat sont surtout économiques, mais le législateur peut assurément exercer une action très efficace par divers moyens, soit pour favoriser ce mouvement, soit pour le contrarier.
D’abord par l’établissement d’un régime protectionniste ou libre-échangiste. Il est évident que le premier tend à aggraver le caractère de monopole et le second au contraire à l’atténuer par la concurrence des terres d’outre-mer.
Ensuite par les lois de succession.
En Angleterre, par exemple, le législateur, préoccupé d’assurer le maintien de l’aristocratie qui a fait la grandeur du pays, a établi le droit d’aînesse avec une extraordinaire complication de substitutions et de formalités qui mettent la terre hors commerce et la maintiennent en quelque sorte de force