Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/550

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sément ce que nous appelons la prime d’assurance contre les risques[1].

C’est seulement pour le travail personnel de l’entrepreneur que le calcul est plus difficile quel est le salaire qu’on doit lui attribuer ? Les économistes répondent le même qu’il devrait allouer à quelqu’un qui aurait tes capacités voulues pour le remplacer, à un bon gérant, ou le même auquel il pourrait prétendre lui-même s’il voulait louer ses services. Mais il est évident que cette évaluation est assez arbitraire. Il est vrai pourtant qu’il ne manque pas d’entrepreneurs qui comptent dans leurs frais et inscrivent sur leur livres un certain traitement qu’ils s’attribuent à eux-mêmes[2].

Voilà donc à peu près tous les frais de production[3]. Il n’y

  1. Il est à remarquer que cette prime devrait être rayée des frais de production si l’on considérait un pays tout entier, ou même toute une branche d’industrie à ta fois, celle des mines de charbon, par exemple. Un capitaliste qui placerait son argent en actions de toutes les entreprises industrielles ne courrait aucun risque et c’est d’ailleurs en conformité de cette loi que les capitalistes avises ont soin de ne pas mettre « tous leurs œufs dans le même panier ».
  2. Il est probable que le traitement que s’attribuera le patron sera supérieur à celui qu’il allouerait à un employé à mérite égal, supérieur même à celui auquel il prétendrait lui-même s’il cherchait une place. Cela est naturel et juste, car sans compter même la supériorité de capacité qui résulte ou devrait résulter d’une éducation supérieure, il faut compter au moins les responsabilités, les préoccupations et les risques du métier d’entrepreneur, non point les risques du capital déjà comptés, mais les risques de sa situation et de son honneur commercial, et si on ne devait pas gagner plus comme entrepreneur que comme employé salarié, mieux vaudrait se faire employé ; on y gagnerait au moins la tranquillité ! Et il ne manque pas d’ailleurs de gens, en France surtout, qui font précisément ce raisonnement.
  3. Et la valeur des matières premières et du transport, dira-t-on peut-être, ne doit-elle pas figurer au premier rang dans les frais de production ? Dans les comptes d’un entrepreneur individuel, oui, sans doute, mais quand il s’agit de déterminer le profit en général, non certainement, car la valeur de ces matières premières se décompose elle-même en salaires, intérêts et profits du précédent entrepreneur et ainsi de suite en remontant jusqu’aux premiers anneaux de la chaîne.
    Cependant, en dehors des éléments constitutifs des frais de production que nous avons analysés, il en est bien quelques autres qu’il faudrait ajouter pour être complet, tels que l’entretien et l’amortissement des capitaux employés en nature (car pour le capital argent, richesse impérissable et inusable, ces frais n’existent pas, voy. p. 497, note 1), puis l’impôt, car l’État aussi est un collaborateur imposé qui prélève sa part.