a qu’à en faire le total et à le soustraire de la valeur produite, et ce qui restera ce sera le profit. Seulement, quand on aura compté et déduit tout ce que nous venons d’énumérer, restera-t-il encore quelque chose ? Il est permis d’en douter ! Et voilà une surprise !
Il restera quelque chose dans un seul cas, cela est bien évident, dans le cas où la valeur du produit sera supérieure à la somme des frais de production que nous venons d’énumérer cas qui ne peut se présenter qu’autant que l’entrepreneur est investi d’un certain monopole, dans le sens large que nous avons donné à ce mot. Mais si l’on suppose un malheureux entrepreneur qui n’apporte rien d’autre sur le marché des services que ce que tout le monde peut donner, il n’y aura point de profit en effet. — Pourquoi en être surpris ? C’est la conséquence nécessaire et la confirmation de la définition même que nous avons donnée du profit dans le chapitre précédent. Cela est nécessaire et même cela est juste :
Nécessaire, car si la concurrence des entrepreneurs entre eux est libre, comme elle les pousse toujours du côté où ils aperçoivent un profit à gagner, elle ne peut manquer de ramener la valeur du produit au niveau des frais dé production (Voy. la démonstration, p. 172).
Juste, car du moment que l’entrepreneur a touché, en plus de là part qu’il est obligé de céder à ses collaborateurs, l’intérêt de son propre capital, l’assurance contre les risques possibles, et la rémunération équitable de son travail de direction — que peut-il réclamer de plus[1] ?
- ↑ Les économistes anglais exprimaient la même idée en disant que le profit rentrait dans les frais de production. L’expression est déconcertante un profit qui fait partie des frais !
M. Walras emploie une formule plus exacte, mais qui n’étonne guère moins, en disant que le taux normal du profit est zéro. Il entend par là que sous le régime hypothétique de libre concurrence qui sert de base à son système d’équations mathématiques, le prix auquel l’entrepreneur achète les services producteurs (y compris le sien propre) et le prix auquel il revend les produits fabriqués doivent être nécessairement égaux ce qui réduit nécessairement son bénéfice à zéro.
Cela revient à dire que le seul revenu normal de l’entrepreneur est