Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/587

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion ouvrière, le relâchement des liens de la famille, la fréquentation du cabaret, la débauche précoce et même quelques-uns des fléaux qui désolent la société, tels que la mortalité et les épidémies, tiennent surtout à cette cause. La dignité de la vie est d’ailleurs intimement liée a un certain confort du foyer.

Le seul remède efficace serait une évolution en sens contraire de celle qui s’est manifestée jusqu’à présent, à savoir l’arrêt de la croissance des grandes villes et le retour dans les campagnes des populations qui les ont désertées. Rien ne l’annonce assurément. Cependant, ce qu’on peut remarquer c’est un certain mouvement centrifuge qui se manifeste incontestablement dans nos grandes villes. Dans la ville que nous habitons, Montpellier, il est si marqué que les loyers ont baissé de moitié dans le centre. La création de moyens, de transport à bon marché (omnibus, tramways, chemins de fer urbains), accélèrent ce mouvement en permettant aux ouvriers et employés d’aller chercher loin du centre des grandes villes des logements plus salubres et moins chers.

Mais en attendant, il faut chercher un autre remède et le plus pratique est assurément la construction de maisons, destinées à être louées aux ouvriers ou même à devenir un jour leur propriété par le paiement d’une annuité modérée.

On peut indiquer jusqu’à cinq combinaisons différentes qui ont été imaginées à cet effet :

1° Constitution de sociétés coopératives de construction formées par les ouvriers eux-mêmes[1]. Il n’en existe que très peu en France, mais elles sont très nombreuses en Angleterre et aux États-Unis dans la ville de Philadelphie, qui a reçu pour cette raison le beau nom de City of Homes, elles ont fait élever plus de 60.000 maisons, chacune habitée par une famille ouvrière.

  1. L’organisation de ces sociétés est assez compliquée. Les unes achètent elles-mêmes le terrain, font bâtir les maisons et les vendent ou les louent à ceux de leurs membres qui le désirent : les bénéfices provenant de ces ventes ou de ces locations reviennent en fin de compte aux ouvriers propriétaires ou locataires en tant qu’associés. Mais la plupart,