Page:Gide - Souvenirs de la Cour d’assises.djvu/43

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Le Président. — Qui a mis le feu ?

L’accusé. — C’est moi, Monsieur le Président.

Le Président. — Comment l’avez-vous mis ?

L’accusé. — Avec une allumette.

Le Président. — Pourquoi l’avez-vous mis ?

L’accusé. — J’avais pas de motifs.

Le Président. — Vous aviez bu ce soir-là ?

L’accusé. — Non, Monsieur le Président.

Le Président. — Est-ce que vous aviez eu des difficultés avec votre belle-sœur ?

L’accusé. — Jamais, mon Président. On s’entendait bien.

Le Président. — Rentré à 7 h. 1/2 de chez votre patron, qu’est-ce que vous avez fait jusqu’à 9 h. 1/2 ?

L’accusé. — J’ai lu le journal.

Le premier janvier, c’est-à-dire deux jours plus tard, la maison de la belle-sœur y passe.

Le Président veut que Bernard ait été ivre ce soir-là ; et insiste pour le lui faire avouer. Bernard proteste qu’il était à jeun.

Le soir de ce premier janvier, jour de fête, les parents se trouvent réunis, cousins, neveux, etc. Bernard refuse de souper avec eux et repart à 6 h. 1/2. Au cours de la conversation générale, comme on parlait de l’incendie de l’avant-veille, on se souvient de lui avoir entendu dire qu’on en verrait d’autres bientôt.