Page:Gilbert - Œuvres, édition Nodier, Garnier.djvu/13

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ble, dénuée de vigueur et de coloris. L’indignation dicta la seconde, et l’indignation fait les bons vers. Mais cette peinture énergique du Dix-huitième Siècle, qui donna aux bons esprits la mesure du talent de Gilbert, n’était pas propre à le réconcilier avec les philosophes. On sait qu’ils se sont toujours empressés de faire cause commune avec ce siècle dépravé, chaque fois qu’il a été attaqué dans son esprit et dans ses mœurs. C’est une chose assez facile à comprendre : la corruption de la morale publique, le désordre, la confusion des idées, la décadence rapide des institutions, étaient eu grande partie leur ouvrage, et ils avaient un certain intérêt à le défendre. Dès ce moment, Gilbert ne put rien produire qui ne fût frappé d’avance de leur réprobation; et comme l’opinion était dirigée par eux d’un bout à l’autre de la France, comme ils la gouvernaient, surtout dans les palais des grands dont ils étaient à la fois les instituteurs et les parasites (car personne n’ignore que les systèmes destructeurs de la société, dont nous voyons aujourd’hui les effets, dûrent leurs premiers progrès à la classe même qui avait le plus de motifs