Page:Gilbert - Œuvres, édition Nodier, Garnier.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apparents de les combattre), le poëte, repoussé de toutes les avenues de la fortune, resta sans protection, sans secours et bientôt sans asile, au moins s’il faut les en croire. Le seul archevêque de Paris obtint pour lui une pension modique, que ces philosophes, si bien pensionnés, qualifièrent d’aumône, et dont il ne jouit que peu de temps avant de succomber à une affection mélancolique, naturelle ou accidentelle, qui avait pris le caractère de la folie, et qui fournit un nouveau texte à leurs injures et à leurs mépris.

On ne saurait croire combien ces philanthropes encyclopédiques, qui ont laissé tant de successeurs, avaient d’horreur pour la misère; avec quelle superbe insolence ils expriment leur dégoût quand il s’agit d’un infortuné, d’un malade, d’un fou qui est abandonné de sa famille ou qui n’en a plus. Il faut lire, pour en juger, une lettre de celui d’entre eux qui mérite le plus d’égards puisqu’il s’est repenti; de Laharpe, qui n’est pas plus excusable dans cette occasion que dans bien d’autres, mais qui, sur la fin de sa vie, s’est rendu digne d’être plaint : « Le