Et du corps expiré lame éprouvant le fort,
L’homme arrive au néant par une double mort.
Ce monstre toutefois n’a point un air farouche ;
Toujours l’humanité respire sur sa bouche ;
D’abord, de l'univers Réformateur discret,
Il semoit ses écrits, à l'ombre du secret,
Errant, proscrit par-tout, mais souple en sa disgrâce j
Bientôt, le sceptre en main, gouvernant le Parnasse,
Ce tyran des beaux-Arts, nouveau Dieu des mortels,
De leurs Dieux diffamés usurpa les Autels ;
Et lorsqu’abandonnée à cette Idolâtrie,
La France qu’il ccrrompt touche à la barbarie j
Fidèle à nous vanter, son Parti suborneur
Nous a fermé les yeux fur notre déshonneur.
" Ouoi ! votre muse en Monstre ériçe la Sagesse !
» Vous blâmez ses enfans, & leur crédit vous blesse ;
» Vous, jeune homme ! Au bon sens avez-vous dit adieu ?
» Je soupçonne, entre nous, que vous croyez en Dieu;
» Gardez-vous de Fécrire, & respectez vos maîtres ;
» Croire en Dieu fut un tort permis à nos ancêtres ;
» Mais dans notre âge ! allons ; il faut vous corriger;
» Eclairez-vous -v jeune homme, au lieu de nous juger j
» Pensez; à votre Dieu laissez venger sa cause;
» Si vous saviez penser, vous feriez quelque chose :
» Sur-tout point de satire ; oh ! c’est un genre affreux!
» Eh ! qui pût vous apprendre, Ecolier ténébreux,
Page:Gilbert - Le Dix-huitième Siècle, 1776.djvu/12
Cette page n’a pas encore été corrigée