Page:Gilbert - Le Dix-huitième Siècle, 1776.djvu/14

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Jadis Peuple-héros., Peuple-femme en nos jours,
La vertu qu’ils avoient n’est plus qu’en leurs discours.
Suis les pas de nos Grands : énervés de molesse,
II se traînent à peine, en leur vieille jeunesse,
Courbés avant le temps, consumés de langueur,
Enfans efféminés de pères fans vigueur;
Et cependant-, nourris des leçons de nos Sages -,
Vous les voyez encore, amoureux &c volages,
Chercher, la.bourse en main, de Beautés en Beautés,
La mort qui les attend au sein des voluptés ;
De leurs biens, prodigués pour d’infâmes caprices,
Enrichir-nos Phrinés dont ils gagent les vices,
Tandis que l’honnête homme, à leur porte oublié,
N’en peut même obtenir une avare pitié :
Demi-dieux avortes, qui, par droit de naissance,
Dans les Camps, à la Cour, règnent en espérance,
Quels’succès leurs talens semblent nous présager!
Ceux-là font de leurs mains courir ce char léger
Que roule un seul coursier sur une double roue j
Ceux-ci sur un théâtre, où leur mémoire échoue,
En Bouffóns-apprentifs défigurent ces vers
Où Molière prophète exprima leurs travers :
Par d’autres,’ avec art, une paume lancée,
Va, revient, tour-à-tour poussée & repoussée.
Sans doute c’est ainsi que Turenne & Viilars
S’instruifoient dans la paix aux triomphes de Mars.