Page:Gilbert - Mon apologie, 1778.djvu/10

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Je pourrois au mensonge opposer pour défense
L’estime de Crillon, ma vie & le silence ;
Mais je veux vous confondre, & voici mes forfaits.
Ma muse, je l’avoue, amante des hauts faits,
Pour rappeller mon siècle au culte de la gloire,
De sa honte effrontée osa tracer l’histoire.
Ô douleur, ai-je dit, ô siècle malheureux !
D’une morale impie ô règne désastreux !
Le crime est sans pudeur ; l’équité, sans courage ;
Et c’est de la vertu qu’on rougit dans notre âge.
Visitons nos Cités : hélas ! que voyons-nous,
Qui de l’homme de bien n’allume le courroux !
L’athéisme, en déserts convertissant nos Temples ;
Des forfaits dont l’histoire ignoroit les exemples ;
De célebres procès où vaincus & vainqueurs
Prouvent également la honte de leurs mœurs ;
Tous les rangs confondus & disputant de vices ;
Le silence des loix, du scandale complices.
Peindrai-je ces Waux-Hals, dans Paris protégés,
Ces marchés de débauche, en spectacle érigés,
Où des beautés du jour la Nation galante,
Des sottises des Grands à l’envi rayonnante,
Promenant ses appas, par la vogue enchéris,
Vient, en corps, afficher des crimes à tout prix ;
Où parmi nos Sultans la mère va répandre
Sa fille vierge encor, qu’elle instruit à se vendre ;