Page:Gilbert - Mon apologie, 1778.djvu/11

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Jeune espoir des plaisirs d’un riche suborneur,
Qui cultive à grands frais son futur deshonneur.
Mais par-tout affligée & par-tout méconnue,
La pudeur ne sait plus où reposer sa vue ;
Et l’opprobre & le vice & leur prospérité
Blessent de toutes parts sa chaste pauvreté :
La fille d’un valet, qu’entraîna dans le crime
Le spectacle public des respects qu’il imprime,
Par un Grand dérobée aux soupirs des laquais,
Long-tems obscurs fermiers de ses obscurs attraits,
Possède ces Hôtels dont la pompe arrogante
Reproche à la vertu sa retraite indigente :
Bien-tôt par la fortune échappant au mépris,
On verra sa beauté, fameuse dans Paris,
Au sein de Paris même, encor plein de sa honte,
Épouser les ayeux d’un Marquis ou d’un Comte,
Armorier son char de glaives, de drapeaux
Et se masquer d’un nom porté par des Héros ;
Et n’imaginez pas que sa richesse immense
Ait de son fol amant dévoré l’opulence ;
Qu’il soit, pour expier sa prodigalité,
Réduit à devenir dévôt par pauvreté.
L’état volé paya ses amours printanniéres ;
L’état, jusqu’à sa mort, paîra ses adultères.
Tous les jours dans Paris, en habit du matin,
Monsieur promène à pied son ennui libertin.