Page:Gilbert - Mon apologie, 1778.djvu/13

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Qui la voyoient braver son amour oppresseur,
Et l’emporte, mourante, en son char ravisseur :
Obscur, on l’eut flétri d’une mort légitime ;
Il est puissant ; les loix ont ignoré son crime.
Mais de quels attentats, nés d’infâmes amours,
N’avons-nous pas souillé l’histoire de nos jours ?
Quel siècle doit rougir de plus de parricides ?
Plus d’empoisonnemens, de fameux homicides
Ont-ils jamais lassé le glaive des bourreaux ?
Dans toutes nos cités j’entens les tribunaux
Sans cesse retentir de rapts & d’adultères ;
Je ne vois plus qu’époux rendus célibataires ;
Le Suicide enfin, raisonnant ses fureurs,
Atteste par le sang le désordre des mœurs.
Tels furent mes discours ; mais lorsque mon courage
A de ces vérités importuné notre âge ;
Je n’étois que l’écho des hommes vertueux ;
Si j’ai blamé nos mœurs, j’en ai parlé comme eux ;
Et démenti par vous, leur voix me justifie.
Mais plus d’un grand se plaint que divulguant sa vie,
L’audace de mon vers, des lecteurs retenu,
A flétri ses amours d’un portrait reconnu :
De quel droit se plaint-il ? Ce tableau trop fidèle,
L’ai-je deshonoré du nom de son modèle ?
Quand des traits différens, recueillis au hazard,
Pour corriger les mœurs, je compose avec art