Page:Gilbert - Mon apologie, 1778.djvu/12

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Sous ce modeste habit déguisant sa naissance,
Penthièvre quelquefois visite l’indigence,
Et de trésors pieux dépouillant son Palais,
Porte à la veuve en pleurs de pudiques bienfaits.
Mais ce voluptueux, à ses vices fidèle,
Cherche pour chaque jour une amante nouvelle.
La fille d’un bourgeois a frappé sa Grandeur ;
Il jette le mouchoir à sa jeune pudeur :
Vôlés, & que cet or, de mes feux interprête,
Coure avec ces bijoux marchander sa défaite ;
Qu’on la séduise. Il dit : ses Eunuques discrets,
Philosophes Abbés, Philosophes valets,
Intriguent, sèment l’or, trompent les yeux d’un père ;
Elle cède ; on l’enlève : en vain gémit sa mère ;
Échüe à l’Opera par un rapt solemnel,
Sa honte la dérobe au pouvoir paternel.
Cependant une vierge, aussi sage que belle,
Un jour à ce Sultan se montra plus rebelle.
Tout l’art des corrupteurs, auprès d’elle assidus,
Avoit, pour le servir, fait des crimes perdus.
Pour son plaisir d’un soir, que tout Paris périsse !
Voilà que dans la nuit, de ses fureurs complice,
Tandis que la beauté, victime de son choix,
Goute un chaste sommeil sous la garde des loix,
Il arme d’un flambeau ses mains incendiaires ;
Il court, il livre au feu les toits héréditaires