Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/197

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La paix de la nature a fait place aux alarmes ;
Le plaisir a pour prix de sombres châtiments ;
La prière n’est plus qu’un long fleuve de larmes
Et les hymnes sont pleins d’affreux gémissements.

L’empyrée, où siégeaient, couronnés de lumière,
La jeunesse, l’amour et la gloire des dieux,
Réponds, qu’en as-tu fait ? Une infâme tanière
Où grouille un peuple infect d’esclaves et de gueux.

Ô Fils du charpentier, né triste et misérable
Parmi de vils bestiaux sur les puants fumiers,
Adoré par des rois au fond de votre étable,
Vous souvient-il encore de ceux que vous aimiez ?

C’étaient de pauvres gens couverts de pauvres loques,
Des mariniers poisseux, des ouvriers crasseux,
Des filles de plaisir aux vêtements baroques,
Des enfants du hasard, des voyous paresseux,

Des perclus, des lépreux, d’innombrables malades
Traînant vers vous leur corps mangé de mille maux,
Et des gamins chétifs, suivant vos promenades
Et jetant sous vos pas des fleurs et des rameaux.