Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/249

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Les dieux ont marié dans ta chair sans pareille
La colombe au ramier, la rose avec le lis,
La candeur de la vierge et la grâce vermeille
Des fiers adolescents par l’amour embellis.

Ta main cherche à brandir le mâle acier d’un glaive,
Mais tes doigts allongés réclament des anneaux.
Quand ta gorge d’éphèbe en riant se soulève,
Elle fait palpiter deux globes virginaux.

Sous ton ventre viril, ta cuisse ferme et blanche
Vers ton genou poli s’arrondit mollement.
Vénus même apparaît dans ta croupe et ta hanche,
Mais tes reins plus nerveux lui donnent un amant.

Si la fleur du désir s’entr’ouvre sur ta bouche,
Vers quel sexe s’en vont tes rêves inconnus ?
Tes bras étreindront-ils sur les fleurs de ta couche
Une femme pâmée ou des jeunes gens nus ?

Quels baisers leur faut-il à ces humides lèvres ?
Des baisers longs et mous qui fondent en suçon ?
Des baisers à manger dans la fureur des fièvres ?
Des baisers de fillette ou de jeune garçon ?