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CAMÉLIAS



Deux grands camélias, l’un blanc, l’autre écarlate,
Neige et sang, largement s’ouvrent dans tes cheveux.
Sur cette mer nocturne aux roulements nerveux
Leur lumière jumelle ainsi qu’un phare éclate.

Et tandis que, baignant ta laiteuse omoplate,
La chevelure sombre et houleuse, où je veux
Lâcher comme un essaim de vaisseaux d’or mes vœux,
En flots chauds, invitants, bouillonne et se dilate,

Sur ce lac odorant les deux puissantes fleurs,
Avec un bercement lent et lourd de frégates,
Comme avant le combat arborent leurs couleurs.

Telle, ta peau soyeuse a des rougeurs d’agates
Et des pâleurs d’opale, où je bois tour à tour
Les capiteux xérès et l’orgeat de l’amour.