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ARBRE DE JESSÉ



Au jardin rêvé croît un arbre de vitrail.
Un cadavre nourrit ses racines cruelles.
Symétrique espalier ouvert en éventail,
Ses rameaux, étoiles d’amples feuilles d’émail,
Roulent en longs rinceaux leurs vrilles sensuelles.

Arbre miraculeux de Jessé, tu fleuris
En rouges fleurs de chair aux pétales meurtris,
Tulipes sublimant la pourpre de leurs urnes,
D’où surgissent, le front à jamais douloureux,
De beaux enfants princiers aux lèvres taciturnes,
Qui, pâles et craintifs, entre leurs bras fiévreux
Serrent maint effroyable instrument de tortures
Rougi par le sang frais de leurs larges blessures.

Sur les glaives, les crocs et les peignes de fer,
Les tenailles, les coins et le gril et la roue,
Le carcan de fer rouge et la vrille qui troue,
Et les pinces où pend encore un peu de chair,