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Page:Gill - Le Cap Éternité, 1919.djvu/173

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Pour ses exploits guerriers plus d’une âme bien née
D’un poète sacré mérita les accents,
Car Mars faisait briller sa divine étincelle
Aux glaives des héros, avant Agamemnon ;
Mais la Muse loin d’eux ayant ouvert son aile,
Ils se sont engloutis dans la nuit éternelle,
Oubliés pour toujours, sans regrets et sans nom.

Le brave mort dont nul ne garde la mémoire,
Diffère, hélas ! bien peu du lâche enseveli.
Je ne souffrirai pas que l’envieux oubli
Dérobe impunément tes vertus à la gloire ;
Je ne manquerai pas de clamer dans mes vers
Ton grand nom, Lollius, toi dont l’âme éclairée
Plane sur les faveurs du sort et ses revers.

Tu vis indifférent à l’immonde curée
De l’or qui corrompt tout, et tu sais châtier
L’avarice et le vol. Juge bon et fidèle,
À plus d’un consulat ta droiture t’appelle,
Toi qu’on vit repousser avec un front altier
Les coupables et leurs cadeaux, toi qui préfères
L’honneur à l’intérêt, toi qui, victorieux,
Te redressas devant les factions grossières
Voulant te résister. Des bienfaits que les dieux
Ont daigné t’accorder tu profites en sage.
Comme loin de l’argent tu cherches le bonheur,
La dure pauvreté n’abat point ton courage.
Plus que la pâle Mort craignant le déshonneur,
Tu donnes cet exemple à mainte âme flétrie ;
Mépriser les dangers pour servir la Patrie.