Page:Gille - La Cithare.djvu/184

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Près d’une source vive, une vierge divine
Est assise parmi les joncs, et l’on devine
Qu’elle rit au reflet qui frissonne sur l’eau.
Elle ajuste une rose à son léger bandeau,
Sans savoir que, souffrant de cuisantes brûlures,
Pour elle deux guerriers aux belles chevelures
Se querellent. Non loin, est une vigne encor,
Aux pampres verdoyants chargés de grappes d’or ;
Un jeune enfant la garde, assis dans une haie.
Il chante les chansons dont son âme s’égaie,
Et rit, tandis qu’à ses côtés, en tapinois,
Dans le buisson touffu, cauteleux et sournois,
Se sont déjà glissés deux renards en maraude.
L’un mange le raisin pesant, mais l’autre rôde
Dans les herbes, autour du déjeuner gonflant
La besace laissée à terre par l’enfant.
Mais le pâtre frivole et joyeux continue
À moduler ses chants sur la flûte ténue.