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Page:Gille - La Cithare.djvu/185

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L’OFFRANDE DE LAÏS


 
Souvenez-vous toujours de la belle Laïs.
À l’heure où dans les bois le soir de pourpre tombe,
Vous ne la verrez plus, avec une colombe,
Glisser, heureuse et fière, entre les tamaris.

L’essaim de mes amants s’est dispersé. Cypris,
Je ne t’offrirai plus une riche hécatombe ;
Chaque pas aujourd’hui m’entraîne vers la tombe ;
L’âge, hélas ! a fané la rose de jadis.

Aussi, je te consacre, immortelle Déesse,
Lasse des jeux passés, l’ami de ma jeunesse,
Le confident de ma beauté, ce cher miroir,

Ce disque qu’une main paresseuse décore,
Car, telle que je suis, je ne veux pas me voir,
Et, telle que j’étais, je ne le puis encore.