Page:Gille - La Cithare.djvu/9

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Et tous allaient heureux et d’un pas cadencé ;
De leur cœur, comme un chant, s’élevait leur prière :
Il semblait que par tous ces chemins de lumière
Une divinité charmante avait passé.

J’avais gravi la côte : un vent aromatique
Grisa soudain mes sens et mon cœur en émoi.
Je m’arrêtai. Le ciel avait fui devant moi ;
Au loin se déroulait la plaine de l’Attique,

On eût dit une mer immense aux calmes flots,
D’une poussière d’or et de neige voilée ;
Et dans cette lumière, au fond de la vallée,
Des bosquets émergeaient comme de verts îlots.

À mes pieds, jusqu’aux monts sacrés aux belles lignes,
Scintillaient, par milliers, des marbres immortels,
Des tombeaux glorieux et de simples autels
Parmi les figuiers noirs, les cyprès et les vignes ;

Et, groupés en bouquets, de minces peupliers,
Partout, sur les versants ou dans la gorge sombre,
Mollement balancés, abritaient de leur ombre
Des temples gracieux ceints de fleurs en colliers.