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Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/199

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dans ce système des « figures ». C’est une des plus nobles hypothèses qu’on ait faites sur la destinée. Elle revient à dire que la vie a un sens, et l’on est surpris qu’un critique ne se soit pas avisé de cette explication. Quant au reproche d’étendre à l’histoire profane la méthode des « figures », et de compter Cyrus, Mandane et Astyage parmi celles du Christ, c’est, je l’avoue, un grief que je ne comprends pas. C’était restaurer, en quelque sorte, l’unité de la vie, abolir la distinction entre Israël et le reste du monde, proclamer qu’il n’y a qu’une histoire et qu’elle est tout entière « sainte » : quelle idée magnifique de la dignité humaine !

On demandera comment un ouvrage d’un tour si nettement symbolique rentre dans ma démonstration. Mais, de la manière la plus simple ! D’abord, son cercle d’action se limite à l’Europe septentrionale : l’Italie n’a jamais « mordu » au symbolisme. Ensuite, tout symbole à part, le livre du prieur de Strasbourg a fait entrer dans la circulation nombre de « motifs », qui sans lui en seraient restés exclus. Il a contribué puissamment, pour sa part, à étendre le domaine des représentations pittoresques. Quand Dirck Bouts ou Poussin peignent la Récolte de la Manne, et Rubens la Reine Thomyris, le premier sait sans doute qu’il illustre le Speculum mais les derniers ne le savent plus. Le symbole évaporé, reste le résidu d’histoire : l’action du symbolisme se résume, au total, par un élargissement du répertoire des faits et par un accroissement de vie.


III



L’Italie, comme je viens de le dire, n’a pas la tête symbolique. Le pur idéalisme n’est pas du tout son fait. Les