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I


Toute la vie du moyen âge s’explique par un phénomène d’association[1]. Le triomphe des ordres mendiants fut d’être, dès l’origine, des formations démocratiques. Derrière eux, leurs réserves profondes de tertiaires enrôlent indistinctement hommes et femmes, toute la société. Mais les tiers-ordres eux-mêmes n’épuisent pas tout ce qui fermentait dans le peuple de besoins affectueux. Sans cesse de nouvelles compagnies se forment pour la prière ou pour la pénitence. On en voit une s’organiser à Rome, dès le milieu du xiiie siècle. Cette doyenne des confréries prit le titre de Recommandés ou Dévots à la Madone, Raccommandati Virgini. On l’appela aussi, à cause de sa bannière, la Compagnie du Gonfalon. Elle reçut son règlement de saint Bonaventure, et cela suffit à marquer la nouvelle institution d’un caractère franciscain[2].

Sur ce type, il ne cesse, jusqu’à la Renaissance, de se créer — à côté des grandes associations professionnelles ou communales, une multitude de coteries, de petits cénacles spirituels, groupant un nombre plus ou moins étendu de personnes pour un objet commun, d’ordre moral ou charitable. J’ai parlé ailleurs des compagnies

  1. Voir plus haut, p. 21. Cf. K. Müller, Die Anfänge des Minoritens ordens und der Bussbruderschaften, Fribourg. 1885 ; Mandonnet. Les Origines de l’Ordo de Poniteniia, Fribourg (Suisse) 1898.
  2. Cf. Hélyot, Histoire des Ordres monastiques, t. VIII, p. 260 et suiv. ; Raynaldus, Annales Ecclesiastici, t. III, p. 232. Il y a quelque incertitude sur la date de la fondation, la biographie de saint Bonaventure étant assez flottante pour cette période. Une bulle de Grégoire XIII, postérieure aux faits de deux siècles, donne, d’après la tradition (Sicut accepimus) la date de 1264 ; Hélyot dit 1265, Raynaldi 1267, les Bollandistes 1270 (Acta SS., 14 juillet, Vita S. Bonaventurae, § 4, n° 37), sans qu’il y ait moyen de trancher la question. Cf. S. Bonaventurae opera, Quaracchi, t. X, p. 36.