Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/255

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de disciplinati ou de laudesi. D’innombrables cercles du même genre se multiplient dans toutes les parties de la société, à l’usage de toutes les classes, embrassant chaque aspect, chaque âge, chaque condition de la vie : chacun avait son coin dans l’église du bon Dieu.

Rien n’est plus curieux que ce pullulement de cellules pieuses. Un dimanche soir, à Florence, une bande d’enfants jouait aux soldats dans le cimetière de Sainte-Marie-Nouvelle. Soudain retentit un appel, puis un autre. La voix venait de l’arceau qui dominait une des tombes. Là se trouvait une vieille Madone couverte de poussière et de toiles d’araignée. Un des enfants comprit qu’elle voulait être nettoyée de ces ordures, et se mit en devoir de l’épousseter avec le grand roseau qui lui servait de sabre ou de lance. La nouvelle s’ébruita. Chaque soir, à l’Ave Maria, les gens commencent à s’attrouper devant la Madone miraculeuse. On construisit une chapelle, une société se fonda. Telle fut l’origine d’une des congrégations les plus populaires de Florence, celle de la Pura[1].

Parmi ces confréries, qui forment un des éléments les plus originaux de la vie d’autrefois, les historiens ont principalement étudié les corporations ou les confréries de métiers. Elles eurent en effet une très grande importance. Mais on se tromperait lourdement si l’on ne connaissait que celles-là. L’économie politique n’est pas le tout de la vie humaine. Les corporations ouvrières ou marchandes sont elles-mêmes d’essence à demi religieuse. Quand on ouvre les statuts des peintres de Sienne ou de Paris, on est frappé par l’austérité du ton, par l’accent religieux : on croirait lire le règlement de quelque séminaire[2]. Même les industries les moins intellec-

  1. Wood Brown, Santa Maria Novella, p. 69-70.
  2. Les peintres de Paris sont exemptés du guet, « pour la raison que leurs mestiers n’appartient fors que au service de N.-S. et de ses sains et à la