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personnages de cette époque sont vénérés sur les autels[1]. C’est de ce mouvement que sort le couvent de Saint-Marc. La maison, une ancienne maison de confrérie, appartenait, au début du siècle, aux moines de Saint-Sylvestre. Cosme de Médicis qui, au milieu de sa politique, éprouvait par moments un grand besoin de pureté, remplaça ces moines dissolus par les Dominicains réformés de Fiesole, dont les vertus édifiaient alors toute la ville. C’était en 1435. La maison tombait en ruines. Cosme la fit rebâtir par son architecte favori, l’auteur de son palais de la Via Larga, Michelozzo Michelozzi. La même année, mourait un amateur célèbre qui avait réuni une collection incomparable de manuscrits. Cosme la racheta en bloc, et en fit don à ses amis de S. Marco. Ce fut la première bibliothèque publique de l’Europe[2].

Les travaux furent poussés avec rapidité. Ils étaient achevés en 1443. L’église a été refaite au xviiie siècle. Mais le reste de l’édifice, les deux cloîtres, les galeries, les escaliers, les réfectoires, sont intacts et forment le modèle accompli du couvent à l’italienne. C’est, comme dit Vasari, le premier exemple en ce genre d’une construction moderne, et peut-être la plus commode et la mieux entendue de toute l’Italie[3]. Les cloîtres sont délicieux. Tout autre style, auprès de celui-là, semble une erreur, une faute de goût. D’ailleurs, la pauvreté est observée à la rigueur. Nul ornement. Toute la parure résulte de la sobriété de l’ensemble, du jeu des lumières et des ombres, de l’atmosphère qui circule sous les arcs en berceau, de la grâce des colonnes, de l’élégance des

  1. Mortier, loc. cit., p. 648.
  2. C’était la bibliothèque de Niccolo Niccoli (1353-1436). Elle comprenait six cents volumes dont plus de quatre cents entrèrent à San Marco. Cosme nomma bibliothécaire Thomas de Sarzana, le futur pape Nicolas V et le patron d’Angelico. Cf. Cochin. loc. cit., p. 203.
  3. Vasari, édit. Sansoni, t. II, p. 433 et suiv.