Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/61

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trouvaient contraints autant par leur nature active ou semi-active, que par les exigences de leur état de mendiants. Toutes leurs fondations, presque sans exception, sont des fondations urbaines. C’est un des traits qui les caractérisent. C’est leur marque : les Mendiants sont les ordres de la démocratie. Ils expriment à leur manière l’immense mouvement de réorganisation sociale qui groupe les bourgeoisies sous la bannière des Communes. Plus d’une fois on vit les Mendiants marcher à la tête des milices contre les barons et les tyrans. Partout ces ordres populaires épousent la cause populaire.

Mais dans ces grands centres, près desquels ils élisaient leur domicile, où ils étaient à même d’agir et de trouver leur vie, n’était-il pas inévitable qu’ils prissent des habitudes sédentaires, et perdissent en partie leurs allures de nomades ? Un compromis devait forcément s’établir entre le dénûment complet et l’état civilisé. François ne s’y résignait pas. L’idée d’une installation le mettait hors de lui. Un toit l’empêchait de dormir. Cet homme de Dieu était un vagabond incorrigible. Il avait le génie du paladin, du chemineau, de l’aventurier. Toute attache lui faisait horreur. Il ne comprenait pas que ses frères ne fussent pas tous faits comme lui.

Il faut se représenter la stupeur des bourgeois, surtout dans les pays du Nord, race d’esprit plus rassis, en voyant arriver les gueux de cette école. Les Allemands n’en revenaient pas. À Erfurt, le bourgmestre, à qui l’on dit que ce sont des moines, poliment propose un couvent. Un couvent ! Ces Italiens ne savaient ce que c’était. Une bicoque près de l’eau, pour pouvoir se laver les pieds, c’est tout ce qu’il leur fallait. Ainsi fut fait. Mais il était aisé de prévoir qu’on n’en resterait pas là. Pouvait-on arrêter les dons et les offrandes ? Comment décou-