Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/84

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De bonne heure, les églises mendiantes devinrent des cimetières. Sainte-Marie-Nouvelle, dont le sol a dû être exhaussé, renferme deux étages de morts superposés ; et sur tout le pourtour extérieur de l’église, est disposée une ceinture de niches funéraires. Ces églises ne se lassent pas de recueillir de nouvelles cendres. Sainte-Croix à Florence, ou Saint-Jean-Saint-Paul à Venise, sont les Panthéons nationaux de ces deux républiques. L’église des Cordeliers joue le même rôle à Nancy. À Paris, les Jacobins et les Cordeliers partagent avec Saint-Denis les dépouilles royales. Par une coutume singulière, les princes des maisons de Bourbon ou de Valois, pour témoigner leur attachement aux ordres mendiants, et pour réserver à leur âme une plus large assurance de prières, avaient pris l’habitude de partager leurs restes mortels entre plusieurs églises : tandis que le corps était à Saint-Denis, mêlé aux corps des autres rois, ils léguaient leur cœur à un couvent, leurs entrailles à un autre, et dans chaque endroit se faisaient représenter par leur figure d’albâtre gisant sur un tombeau, et tenant en main le petit sac qui gardait leurs viscères.

Je ne puis étudier ici, quoique le sujet en vaille la peine, l’évolution artistique du tombeau du XIVe au XVIe siècle. Il suffit d’avoir indiqué l’origine de tant de chefs-d’œuvre. Mais une forme spéciale de la dévotion fut d’avoir, au lieu de sépultures isolées, une chapelle de


    in the body of the Church ». Agnès, femme de Michael Norton, enterrée en 1438 « in the Conventual Church of the Friars Minors of Oxford, before the image of the blessed Mary the Virgin of Pity ». La plus émouvante de ces inscriptions est celle d’un ex-brasseur, Richard Leke, qui désira reposer « within the Graye freres in Oxford before the awter (altar) where the first mass is daily used to be sayde ». Ce pauvre homme voulait assurer à son âme le bénéfice quotidien de la messe de l’aurore, aussi longtemps que le soleil se lèverait encore. C’était en 1526. Douze ans plus tard, l’Ordre était supprimé par Henri VIII. En 1578, il ne restait plus trace de l’église, non plus que des défunts qui s’y étaient endormis.