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Page:Gilson - Celles qui sont restées, 1919.djvu/171

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je ne le déflore pas même en pensée au milieu de cette foule, le mot divin qui te rendra à moi…


X


Les jours qui naissent, si dissemblables, grands chacun comme de petites vies, avec leurs caractères, leurs états d’âme propres, leurs grands éclats d’amertume ou de résignation, meurent aussitôt derrière moi, impersonnels, devenus, dans le passé, une longue théorie de pèlerins semblables, effacés et laborieux.

Mais les jours à venir, énormes, gros d’angoisses, m’écrasent d’avance de leur promesse de souffrance. Jours, impitoyables battements du temps, que vous semblez innombrables, décourageants, impossibles à franchir !


XI


Voici deux ans qu’ils sont entrés chez nous. Quelques jours d’affolement, les terrifiantes et courtes convulsions du pays raidi pour résister au colosse : Liége de gloire, Haelen, la flambée des villes martyres : Dinant, Louvain ; les ruisseaux de sang découlant de Tamines, d’Aerschot, chassant à travers les campagnes des troupeaux en