Page:Gilson - Celles qui sont restées, 1919.djvu/194

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C’est l’heure de rentrer. Très bien. Je vais rentrer. Et au revoir, les chères ; mais oui, à demain, aux cantines, et puis, aussi, le thé, les emplettes ; à demain, à demain…

Je prends le tramway, mais oui, pour rentrer chez moi. Est-ce qu’il y a du bruit, ou est-ce le silence qui en fait ? J’ai les oreilles rompues. Voilà la grille. Et le soleil qui enflamme la fenêtre. Et Dickson qui annonce le dîner. Et le dîner. Des aliments et de la boisson. Qui m’a frappé sur la tête ? Cela fait très mal.

Il faut se lever, passer au salon.

Non, je ne reste pas ici. Je vais mettre mon chapeau, et sortir, parce que je dois sortir, n’est-ce pas, on me l’a dit : mettez votre chapeau et sortez…

Il y a un bruit, près de moi. Quelqu’un claque des dents. C’est désagréable. Il faudrait ôter cette personne. Elle est dans mon chemin. Je dois mettre mon chapeau et sortir.

Il est arrivé une chose. Jean Valentin est mort. Il est mort dans un corps à corps. De coups de bayonnette. Et il ne faut pas dire cela à la veuve.

Qui va là ? Il y a un homme qui entre. Il a les jambes longues de Brême. C’est Brême. On sourit toujours quand un homme entre en visite. Et on