Page:Gilson - Celles qui sont restées, 1919.djvu/200

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XXIX


Il y a une vie qui passe et repasse devant moi. Ce n’est pas la mienne, elle m’est trop indifférente et étrangère : je la regarde distraitement passer, elle m’inspire de l’éloignement, je la juge sans douceur, avec ennui. C’est la vie d’une femme qu’on appelait Jeanne, et qui n’existe plus.


XXX


Des gens entrent bavarder et rire dans ma maison. Il faut les écouter. La douleur clandestine, n’a pas la permission du repos. Elle doit, comme la fille-mère, quitter son lit ensanglanté, parer son corps, souffrir debout, vigilante à cacher son secret. Elle paye la rançon de ses joies volées.


XXXI


Il faut sortir.

Comme le préau de la prison est clair…


XXXII


Il faut aller rendre visite à Colette. Tout le monde le dit : avez-vous rendu visite à Colette ? nous allons rendre visite à Colette. Moi aussi, je vais rendre visite à Colette. Cela ne me semble