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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/102

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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Et quand la nuit renaît voilant le paysage,
Près d’un grand feu de bois où s’élèvent leurs chants,
Assis en rond dans l’herbe, ils ont des airs méchants
Que la flamme accentue au fond de leur visage.

Et pourtant, ils sont doux et bons ces émigrants !
Si Dieu veut qu’ils ne soient que de pauvres nomades
Sans foyer, sans patrie, ils n’en sont pas moins bardes,
Tels leurs braves aïeux, les Celtes conquérants.

De leur destin cruel sont-ils les seuls coupables… ?
Sont-ils seuls ici bas des parias errants… ?
Sont-ils seuls à quitter le toit de leurs parents… ?
Non, il existe, hélas ! de plus grands misérables !

Mille fois plus coupable — oh ! je le dis tout-bas —
Celui qui, méprisant le sol de ses ancêtres,
Vers un autre pays va servir d’autres maîtres !
Lui seul connaît l’exil ; le Bohémien, non pas !