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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/133

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DÉSILLUSION


Longeant d’un ruisseau sinueux
La rive aux multiples méandres,
J’ai vu des fleurs frêles et tendres,
Dont le cœur était tout aveux.

C’étaient des marguerites blanches
Comme tu les aimes, je sais…
Prêt à les cueillir, je pensais
À de lointains et gais dimanches.

Si, leur demandant le secret
De ton amour caché, me dis-je…
Elles répondaient ; quel prodige !
L’espoir détruirait le regret… !

J’en cueillis donc ; une entre toutes
Était si belle que j’osai
— Je m’en souviens, c’était en mai —
L’effeuiller le cœur plein de doutes.