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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/135

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ANCIENNE PEINE


Hier, en relisant un vieux livre que j’aime,
J’ai trouvé, spectre inerte à jamais oublié.
Sous le sceau protecteur d’un feuillet replié,
Les restes desséchés d’un pâle chrysanthème.

En mourant, il avait, sur un sonnet d’Arvers
Fait tache comme une ombre à peine perceptible,
Associant ainsi, durable, indestructible,
Le sang de son amour à l’amour de ces vers.

Alors, pieusement, sans crainte et sans bravache,
Je baisai, tour à tour, le poème et la fleur,
Fier d’unir à nouveau ma lointaine douleur
Au très cher souvenir de Toi qui m’y rattache.

Et, depuis, j’ai souffert tout ce qu’on peut souffrir
Quand une plaie en nous tout à coup se ravive,
Comprenant que dans l’âme ingénue ou lascive,
Il est des souvenirs qui ne peuvent mourir !