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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/138

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LES GUÉRÊTS EN FLEURS

II

Le gai printemps n’est plus. Un beau soleil d’été
Échauffe au loin l’azur de sa douce clarté
Prêtant à la moisson sous sa mantille blonde,
L’aspect d’un océan insondable, et dont l’onde
Mire en ses yeux pensifs le vol capricieux
Des ramiers migrateurs revenus d’autres cieux.
Tout chante au bois. Le source, ingénument cachée
Gazouille en son langage auprès d’une trochée ;
Les amants, deux à deux, et la main dans la main,
Font serment de s’aimer davantage demain.
Tout aspire à la vie. Et le sang chaud des choses
Dans les veines bouillonne ; et mille fleurs écloses
Sèment à l’aventure, odorants leurs parfums,
Sur les aulnes naissants, sur les rosiers défunts.
Tout chante au bois. Hélas ! un être y pleure encore… !
La linotte, attirée, au début de l’aurore.
En ces lieux, par la force et l’ardeur de l’amour,
Tremblote près du nid délaissé sans retour,
Car au logis ancien elle ne voit la trace
D’aucun des siens venu perpétuer la race.

C’est pourquoi, dans le soir nous entendons parfois,
Quand nous allons rêver à l’ombre des grands bois,
Aux bords des nids déserts comme d’humbles chapelles,
Sangloter les oiseaux, la tête sous leurs ailes !